Prophétie de l'Ame

Il était tard mais le Rôdeur ne dormait pas.

Son regard était habillé d'une lueur vacillante.

Sans doutes les tracas et les dangers du lieu en étaient à l'origine mais l'elfe savait qu'un mal plus profond était à l'œuvre dans le cœur de l'Homme du Nord.

Mû par une impulsion, il chanta alors que son ami passait non loin de lui.

Un chant non fait pour vibrer haut et fort mais un chant qui s'apparentait à un murmure pour traverser les espaces infinis qui mènent aux portes des âmes :

Hrívëo lómessë sina
Undu isil fírima
I avathar úvar auta.


I lúme utúlie
Ar macilya rusta
Loráva nenessen.

No undómess' Elen síla
Nai fëalya seruva oialmaressë.

An Erya erinqua metta lemba.

L'homme stoppa sa marche. il écoutait avec son cœur. Il comprenait sans pourtant pouvoir traduire avec exactitude le sens des mots.

Quand le chant mourut, une voix douce lui livra les paroles du chant en langue commune :

En ce soir d'hiver
Sous la lune mourante
Les ombres demeurent.

L'Heure est venue
Et ton épée brisée
Dormira dans les eaux.

Mais dans le crépuscule l'étoile brille
Puisse ton âme rester dans la joie éternelle !

Car Seule une unique fin demeure.

Quand le Seigneur A'nvary se retourna, il n'y avait que l'ombre et le silence et le chant qui résonnait encore dans son âme.