Préambule :
Ce petit texte pour vous faire patienter jusqu'au 23
Et aussi pour évoquer de façon plus concrète et RP les conséquences du serment, du pacte avec Arda.
C'est également une façon de justifier, d'expliciter la disparition progressive de ceux qui vécurent aux côtés de Finaël, sur Ceven Galad, pendant de si nombreuses années et qui appartiennent aux fondements de son BG.
Indirectement, je leur rends ainsi un hommage car Finaël ne serait pas ce qu'il est advenu sans eux.
Je ne peux me permettre, comme ça, tout d'un coup d'oublier, de renier le passé de Finaël. Cela me semblerait d'une part très maladroit et d'autre cela amputerait mon personnage d'une part importante de ce qu'il est.
Certes ce n'est que du "background", de l'arrière-plan mais ce sont souvent les choses secrètes, non évoquées, reléguées dans les méandres des souvenirs qui conditionnent les actes, les choix les plus immédiats dans ce présent qui est le nôtre.--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
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C'était une nuit fraîche qui doucement venait envelopper la Terre de son manteau sombre et étoilé. Une nuit comme en avait déjà beaucoup connu les compagnons de cette Communauté.
Tous, hormis l'elfe, se préparaient à un sommeil réparateur. Ils s'installaient autour du feu qui était réduit à un amas de braises rougeoyantes qui éclairaient peu mais dispensait une réconfortante chaleur.
Comme à son habitude, l'eldar chantait à quelque distance du camp. "Chanter", c'est un bien pauvre mot pour décrire ce que l'on entendait. Cette voix tenait à la fois du murmure et du chant, du monologue et de la confidence mêlés à des harmoniques indescriptibles.
Assurément de façon inconsciente, l'elfe confiait à son chant tous les secrets, les arabesques de son âme que les mots, jamais, n'auraient pu traduire.
Ce chant du soir faisait à présent partie intégrante, presque de façon quotidienne, des habitudes de vie de la Communauté. Ils s'enfonçaient dans le sommeil au rythme de ce chant qui s'intégrait à un ordre aussi naturel que le crépitement intermittent du feu, que le souffle du vent dans les arbres, que les milles bruits nocturnes qui peuplent la nature.
Mais en ce début de nuit-là, le chant était particulièrement poignant. Et si tous les compagnons, sauf Arlan qui commençait à posséder un peu plus que les rudiments de la langue elfique, étaient incapables de traduire les paroles, cela ne les empêchaient nullement, bien au delà des mots, de comprendre la nature même des sentiments, des émotions qui étaient à l'œuvre à travers la voix.
Arlan qui avait quelque idée du sujet qui était évoqué dans le chant, en sus de percevoir tout comme ses amis l'émotion qui en émanait, retarda l'heure de prendre quelque repos.
Sans hâte et avec assurance, il marcha sans bruit vers la voix qui s'élevait dans la nuit. Il s'assit à quelque distance de son ami sans interrompre le chant. Il attendit et écouta. Quand la voix se tut, il prit la parole.
- Votre chant est bien triste ce soir, mon ami.- Triste au point de retarder l'heure de votre sommeil ? lui répondit l'elfe toujours avec cette légère pointe d'humour, de taquinerie, qui permettait aux instants les plus graves de prendre une coloration presque sereine.
Arlan prit le parti d'adopter cette légèreté du ton et du propos qui masquait si bien les véritables enjeux de l'échange :
- Oui, au point de remettre à plus tard l'appel du sommeil. En vérité, jamais je ne nous avais entendu chanter d'une façon...si...L'homme cherchait ses mots, le terme juste.
- Désespérée ? suggéra l'elfe.
- Cela pourrait convenir, en effet, rétorqua le Dunédain.
Mais peut-être un peu excessif.Et soudain sans préambule, l'elfe changea de ton et entra de plein pied dans la confidence. Il se mit à parler comme si l'homme n'était pas là, comme s'il s'adressait aux arbres, aux étoiles, aux 4 vents :
- En vérité, jamais elle ne viendra.
Secrètement, j'espérais sa venue, je croyais qu'un jour au détour d'un chemin elle apparaîtrai dans sa vertigineuse beauté pour marcher à mes côtés jusqu'à la fin de toute chose...
Mais non.
Autrefois déjà, le destin qui aurait fait d'elle la Dame de Ceven Galad l'effrayait. Elle demeurait aux lisières d'un être qui tout à la fois l'attirait et l'inquiétait, elle ne pouvait être que l'amante du Gardien de Ceven Galad.
Alors comment aujourd'hui pourrait-elle embrasser le destin de celui qui n'est plus le Seigneur de Ceven Galad, mais le Dirn'Arda, le Gardien de la Terre lié pour toute éternité à son devenir ?
Aujourd'hui enfin, j'arrête de me mentir.
Qui pourrait accepter le fardeau de mon destin ?
Je commence à goûter l'amertume de la solitude qui sera totalement mienne quand l'Ultime Vaisseau Blanc prendra son envol pour les Terres Immortelles.Un long silence s'installa et dura. Puis enfin l'elfe pivota lentement vers son compagnon :
- Mais nous avons tous à combattre nos propres démons, n'est-ce pas ?La question de l'eldar qui n'en était pas une, toucha l'homme au plus profond, réveillant les remords et la culpabilité avec lesquels il essayait, de composer, de vivre, de survivre...Il lança un long regard à son ami et les mots en cet instant n'avaient plus lieu d'être.
L'homme enfin se leva, la fatigue avait raison de lui, il lui fallait du repos. Il pivota et au moment de se mettre en marche pour rejoindre le foyer rougeoyant, dans son dos, il entendit la parole de l'elfe :
- Merci mon ami pour m'avoir détourner de mes sombres pensées. Laissons demain se soucier de lui-même car le présent requiert toute notre attention.Le Seigneur Arn'Vari hocha la tête sans se retourner, et rejoignit, d'un pas lourd, le campement.