A lire avec la musique
Cette nuit encore, sous un ciel étoilé, deux amis écoutent le chant du monde.
Cette habitude est presque devenue une sorte de rituel.
Alors que tout le monde se prépare à passer la nuit, le Dunédain rejoint son ami à l'écart du camp. Là, dans un endroit soigneusement choisi, sans un mot, chacun s'assoit. Les armes posées à leurs cotés, ils laissent vagabonder leur esprit. Puis, peu à peu, un grand calme les envahit. Ils ont alors ce double regard, l'un tourné vers les recoins les plus secrets de leur être, tandis que l'autre contemple tout ce qui est, tout ce qui vit. Sans même un frémissement, ils sont entrés en méditation.
Au début ce fut un exercice difficile pour l'homme....En effet, il devait lutter contre lui même, contre cette flamme invisible qui brûle en lui. Cette même flamme qui lui donne sa force mais qui était en train, aussi, de le détruire.
Finaël fût patient, toujours présent, même dans les moments difficiles. Jamais un mot quand Arlan soupirait bruyamment ou s'endormait. Jamais de remarque lorsque des larmes coulaient sur le visage du rôdeur.
La découverte des chemins intérieurs est un voyage solitaire. Comme un ainé, l'elfe accompagnait l'homme, le relevant quand il tombait, l'encourageant à continuer d'un regard.
Les yeux fermés, Arlan guette le silence qui naît en lui quand enfin cesse le vacarme des pensées désordonnées...
S'ouvrir au monde, regarder en soi, dépasser ce qui semble être ...
Appréhender ce qui n'est pas visible...
Il commence à ressentir le monde.
Tout est lié.
Comme une évidence, tout se met en place.
Des événements de sa vie lui reviennent et prennent un tout autre sens.
Le passage de Tyr Timée l'avait forcé à se regarder, à choisir. De simple rôdeur il était devenu Arathar.
Le massacre de Taid Mor et la perte d'Elowinen avait provoqué sa prise de conscience quant à son rôle de gardien.
L'apprentissage de l'elfique et ses aléas, les paroles lointaines de Yasanor Hirdan Gwaith...
Les retrouvailles récentes avec Cundiel...
.........
Un sourire se forme alors sur ses lèvres.
Arlan ouvre les yeux.
Finaël, comme s'il avait deviné que le moment est venu, observe son ami. Il porte sur lui un regard qui n'attend rien, un regard ouvert, fait d'acceptation. L'elfe fait partie de cet instant mais il se tient là au même titre que le ruisseau qui chante à quelque pas, un vivant parmi les vivants, un souffle léger habité de silence et de patience.
Lentement, le Dunédain tire la grande épée de son fourreau.
Une légère odeur s'élève dans l'air. Nisimaldar....Encore des souvenirs....Encore des liens.
La lame luit faiblement dans la nuit, diffusant étrangement la lumière des étoiles.
Cette fois Arlan est prêt. Point d'hésitation et de naissance douloureuse.
Lentement, dans un geste fluide et emprunt d'un profond respect, il prend la lame entre ses mains et la lève devant lui, comme pour présenter un nouveau-né.
"Amin cena tye
Amin naa ah tye
Name nim erya cundo
Guren bêd enni"Sur la lame dansent alors comme les flammes d'un feu et l'elfe voit dans un sourire la même flamme briller dans les yeux de son ami. Alors debout, bradissant d'une main la longue lame, l'homme et l'épée ne font plus qu'un du ciel à la terre confondus un instant dans la ligne rouge
Les regards se croisent. L'homme et l'elfe sourient. Tout est accompli.
Tout repose désormais sous la lueur bienveillante des filles d'Elbereth.
Et alors qu'une brume légère semble monter du sol, un chant s'élève pour célébrer la beauté du monde.
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ce rp est l'œuvre combinée de Finaël Ea et Arlan.[EDIT Fina] L'idée est d'Arlan et le texte aussi. Nous avons, avec Olivier, modestement contribué.