La lourde porte enchâssée de pierres précieuses s'est refermée refermer sur eux.
C'est un répit, ils sont pour l'instant en relative sécurité.
Extenués, blessés, à bout de souffle, quelque temps plus tard, ils se retrouvent à l'air libre sur une immense étendue neigeuse.
Ils s'arrêtent. Ils se regardent les uns les autres étonnés, peut-être, d'être encore une fois en vie.
En vie ?
Pas pour tous. Deux de leurs compagnons sont tombés sous les coups de l'ennemi, Kelnet et Durak ne sont déjà plus des leurs.
Les deux corps sont allongés délicatement, avec douceur, sur la neige immaculée. Chacun conserve un silence lourd de tristesse.
L'elfe semble glisser entre eux et vient s'assoir entre les deux corps étendus.
Il ferme les yeux et c'est comme soudain si tout disparaissait.
Instantanément, il accède à une toute autre réalité et sa voix s'élève aussi naturellement qu'il respire.
Une neige légère se met à tomber comme si la montagne voulait recouvrir d'un blanc linceul les guerriers tombés au combat.
L'Eldar chante pour eux, il chante pour lui, il chante parce que chanter c'est célébrer, parce que c'est exister dans une parfaite harmonie,
une harmonie qui sans doute s'étend au delà des portes de ce monde.
Sa main qui porte l'anneau s'est étendue vers les gisants comme un geste d'adieu, de bénédiction.
L'anneau luit dans la pénombre ambiante comme une lumière qui surgirait du néant, se refusant à laisser régner l'ombre de la mort.
Son autre main, ouverte paume vers le haut, laisse voir la pierre bleue, la Pierre de Ceven Galad.
Elle aussi luit et transfère sa luminescence à l'elfe dont la silhouette est ourlée d'une aura bleue translucide.
Son chant et sa profonde méditation n'invite ni ne repousse personne.
Bien qu'il soit parmi eux, en cet instant, il est infiniment seul.
Son chant parle de tristesse, de souffrance mais aussi d'espoir et de force, d'un implacable destin dont le chemin est fait de larmes de sang.