Une perte particulièrement inopportune.

Le chant de Finaël avait figé la communauté, les groupant en une communion autours des morts. Le temps même, semblait s'être arrêté. Rares furent ceux à remarquer que la neige avait recommencé à tomber.
Puis la dernière note vibra, mais tous restèrent silencieux, sans oser bouger. L'elfe se leva pour s'éloigner, nul ne retint ses pas, chacun semblait hypnotisé.
Il fallut un long moment à l'eothraim pour reprendre ses esprits. Tout s'était enchaîné trop vite. Le fil des dernières heures se déroulait en boucle devant ses yeux, augmentant à chaque retour son malaise.

"... Inutile que deux périssent, laissez moi seul aller chercher la Pierre ..."
Et le nain, pourtant, courant derrière l'elfe, pour sauver le joyaux ...

Alors que l'air autour d'eux se chargeait de blanc, il lui semblait lui sombrer dans le noir.

" ... Ouvrez cette porte, bon sang ! Ils ne tarderont pas à enfoncer la première ! ..."
Et Durak, après avoir hésité, de manipuler des symboles cachés pour ouvrir un passage vers l'ancien royaume Nain ...

Bien entendu, la perte de ses compagnons de route était un lourd chagrin. Mais il en avait connu d'autre, ces derniers mois, plus intenses.

... Un cri. Durak, un instant plus tôt à terre, et qu'Eodrec croyait déjà mort, se jetant à la tête du troll se sacrifiant volontairement pour sauver la communauté ...

Alors pourquoi ce mal être particulier ? Enfin ! Il était dehors, le poids aurait dû s'alléger ...
Mais le poids n'était plus le même. C'était l'avenir, maintenant qui l'inquiétait. Et c'était sans même penser au Dragon. Il se pourrait qu'un nouveau problème guette maintenant la communauté ... au sein même de ceux qui devraient être ses alliés ...

L'eothraim se tourna vers Gunard en soupirant.
— Y a-t-il ici de quoi rendre un hommage funèbre digne d'un nain de haute noblesse ?

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Comprenne qui pourra ! L'esprit tordu de l'eothraim a encore frappé ...

Gunard était en train d'écouter les derniers mots de Durak quand la voix de Finaël s'éleva dans l'air glacial de la montagne.
Ce n'était malheureusement pas la première fois que l'Elfe chantait pour les morts et pourtant cette fois Gunard ressentait pleinement la douleur de la perte d'un ami, d'un frère.
Finaël avait vraiment un don pour toucher, aussi juste que ses flèches, le coeur de ceux qui l'écoutaient chanter.

Alors que les flocons tourbillonnaient dans l'air et que les survivants se remettaient du choc, machinalement, Gunard récupérait les effets personnels de Durak.
Un collier avec une large plaque d'acier sombre gravée d'un symbole runique nain en argent et deux tubes d'argent tressés dans sa barbe.
Il prit aussi son arme et la mit de côté.

— Y a-t-il ici de quoi rendre un hommage funèbre digne d'un nain de haute noblesse ?

La voix d'Eodrec le surprit, alors que le silence régnait sur la petite troupe.
Le Nain hésita une petite seconde avant de répondre.

— Il faut placer les corps là où les bêtes et créatures de la montagne ne pourront pas les atteindre. Un tumulus, une tombe ou une anfractuosité dans la roche que l'on scellera.
L'Eothraim écoutait les instructions en hochant du chef.
— Nous n'avons pas le temps de faire mieux mais je... Je me chargerais de rendre ses effets à sa famille à Khazad-Dùm

Sans attendre de réponse, et après avoir fermé les yeux de Durak, Gunard se dirigea vers Kelnhed.
Sous le regard ahuris de Soaïg et Keira, il prit la bague qu'il portait à son doigt quand son regard fut attiré sur une déchirure de l'armure de l'homme.
Il ouvrit sa tunique et vit une large écharpe de soie violette brodée d'or qu'il portait nouée en bandoulière sous ses habits.
Il la dénoua, se dirigea vers Keira et plaça les objet entre ses main qu'il prit dans les siennes.
La jeune femme le regardait, le regard vide.

— Pour ce qui est du corps, nous devons suivre les lois de la montagne, mais pour ca, tu sauras mieux que moi quoi en faire.
Il caressa la joue de la jeune femme d'un geste étrangement doux pour des mains si larges et puissantes.

— Il faut faire vite, nous ne pouvons pas rester la trop longtemps.

Les mots de Hencen raisonnaient dans son crâne "tous ne reviendront pas de ce voyage, êtes vous prêt à payer ce prix ?".