Sujet: Le chant de Yave Morna Mar 1 Sep 2015 - 17:34
Je mets ici une chanson qui évoque pour moi le chant de Yave Morna...évidemment dans un langage plus "contemporain"
C'est évidemment très subjectif et cela ne vous parlera peut-être pas...tant pis.
Ce chant évoque pour moi cette nostalgie, cette tristesse infinie de Yave Morna.
Une tristesse telle, si intense, qu'elle peut paraître infiniment laide...ou infiniment poignante.
"Infiniment laide" comme cet échange avec Eodrec qui disait que ce chant était "la mort" :
"Les rues sont mortes et moi je meurs De les voir mortes autant que moi...
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L'indestructible que le temps prend Plaisir à tuer parfois.
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Ces écorchures au fond de moi, Aux goût d'enterrement parfois."
Dans les paroles de cette chanson, on retrouve également cet enfermement sur "soi-même", dans sa souffrance et l'indifférence au reste du monde :
"Aux processions du nouveau monde, Moi j'emmerde la pluie qui tombe, Je les regarde faire leurs deuils, Et moi, non, ça ne m'émeut pas.
Mon cœur est pris par d'autres crimes Il est pris par l'Amour de toi, Et si deux tours manquent à New-York, Mon amour, toi, tu manques à moi.
Aux génocides qu'on nous vend, A nos consciences, les tremblements, Tu sais tout ça ne m'émeut guère, Et puis le destin de la Terre ?
Elle peut mourir, moi je m'en fous, Puisqu’elle me fait vivre sans toi, Puisque tous les levers du jours Sans toi ne se relèvent pas."
C'est cet enfermement, ce repli sur soi-même qui me fait dire que Yave Morna était inaccessible aux arguments, à la raison "raisonnante".
Dès qu'il y a amour et souffrance, on quitte l'univers du logos, du logique, du raisonnable, pour rejoindre l'univers du pathos totalement hermétique au "bon sens", au raisonnable.
Pour moi, il ne s'agissait pas "d'opposer" des arguments à la souffrance de Yave Morna, ce qui n'avait pour conséquence que d'alimenter et de renforcer sa "résistance", son "rejet", son "enfermement".
Il fallait "descendre", "rejoindre" sa souffrance, sa tristesse pour qu'il trouve un "point d'appui", une "passerelle", et non un obstacle, pour "opérer" en lui l'"acceptation de ce qui est".
A savoir que son amour est non reconnu et non "payé de retour" et que c'est ainsi et que vouloir tricher avec le temps n'est qu'une illusion :
"Arrête de délirer enfin, Tu sais qu'elle ne reviendra pas, Que la forêt a pris le feu, Puis que l'Amour a dit adieu."
D'ailleurs cette chanson commence et finit avec l'affirmation suivante :
"L'Amour est à accepter."
J'aime aussi beaucoup ce passage qui évoque "l'Oiseau Blanc" :
"Allez, je saute, je n'en peux plus, Et que les goélands m'emmènent Où les poètes sont les dieux Où les adieux sont les je t'aime."
Et enfin pour finir, seule la totale acceptation d'un amour "sans retour" peut déboucher sur une paix profonde.
De cette paix peut surgir la lumière :
"Puisque sans toi ma route est funéraire, Puisque sans toi est ma lumière."