Destins étranges en Terre du Milieu
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 L’Adieu de Naëria

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Finaël
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Finaël


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MessageSujet: L’Adieu de Naëria   L’Adieu de Naëria Icon_minitimeVen 21 Jan 2022 - 21:53

Naëria est un personnage qui n'a pas laissé Finaël (et, sans aucun doute, Apruivë) indifférent bien que rien de ce qui s'est dit autour de la table ne puisse le laisser deviner.

C'est bien là, le problème. Et sans le recours à un texte, comme celui qui suit, c'est une relation et un lien puissant qui passeraient complètement à la trappe.

****************************************

J'aimerais remercier Olivier qui a contribué à l'écriture de ce texte en permettant à Naëria de s'exprimer avec toutes les nuances qui reflètent ce qu'elle est.

EN ORANGE : la participation d'Olivier

EN BLEU : les propos ou pensées de Naëria

EN JAUNE : les propos des elfes


***************************


Naëria avait atteint l’endroit.

Au détour d’un rocher, sous une lune presque pleine, elle déboucha sur un spectacle féérique.


Dans une légère dépression, à flanc de colline, une chute d’eau venait alimenter un vaste bassin d’argent liquide.


Elle continua d’avancer et aperçut une silhouette près du bassin. Elle pressa le pas pour la rejoindre.
Quand elle parvint près de l’eau, elle trouva Apruivë assise près d’un feu. Elle avait appris que les elfes sont presque insensibles au froid. Ce feu avait été donc allumé à son intention. Elle en fut reconnaissante car, froide et venteuse, était cette nuit de novembre.


Apruivë inclina légèrement la tête en guise de bienvenue et l’invita, d’un geste, à prendre place près du feu. Naëria lui retourna son salut et s’installa.

Elle appréciait la compagnie des elfes. C’étaient les seuls avec lesquels de longs silences pouvaient se prolonger sans que l’on se sente gêné et donc obligé de parler pour meubler le vide.

L’elfe avait dédaigné sa veste de daim soigneusement roulée près de son arc.
Loin du groupe, les elfes se défaisaient des artifices inutiles imposés par les humains.

Naëria eut donc tout le loisir d’examiner les motifs corporels qui l’avaient tant intriguée. Ils couraient sur tout le corps mais aussi sur le visage. Ces dessins, contrairement aux vêtements, ne cachaient pas mais ils révélaient, mettaient en valeur. Ils suivaient les courbes naturelles des épaules, du cou, épousaient le renflement d'une pommette, d’un sein, d’un muscle…

Ils racontaient l’histoire d’une vie, d’une union totale avec la nature. Ils semblaient même doués de vie. Ils s’animaient avec les mouvements du corps, avec les muscles qui roulaient sous la peau. Dans la danse des flammes, ils avaient quelque chose de magique.

Mais ces ornements s’avéraient aussi redoutablement efficaces. Grace à eux, les elfes étaient comme des ombres insaisissables.

Des motifs semblables à des feuilles d’automne cernaient son regard et lui conféraient un aspect inquiétant. Naëria frissonna. Elle n’aurait guère été rassurée de tomber sur eux, à l’improviste, sans les connaître. Elle sourit en songeant que cela ne serait jamais arrivé car, dans leur monde, ils demeuraient invisibles pour un regard humain.

S’attendant à voir Finaël, Naëria demanda :

- Vous êtes seule ?

L’elfe tourna légèrement la tête vers elle et son regard fauve la traversa comme si elle ne la voyait pas :

- Là où je suis, il est.

A travers l’espace, leur lien demeurait. Quelle était la puissance de ce lien pour qu’une telle chose soit possible ? La parole mystérieuse de l’elfe lui était compréhensible car Naëria avait constaté, de ses propres yeux, cette réalité. Cela défiait l’entendement mais comment nier ce qui s’était inscrit dans leur chair en lettres de sang ?

A nouveau, elle songea à l’elfe blond. Elle revivait cette fantastique et mortelle chevauchée. Elle en frémit. Pendant quelques instants, au cœur du combat, elle avait été si proche de lui. Elle se remémorait la chaleur de son corps contre elle.


Puis, l’enchantement avait brutalement prit fin. Une fois encore, une étrange lueur bleue avait brillé pour le salut de tous.

- Qui est-il ?

La question lui était venue spontanément, sans intention. Elle fut donc presque surprise quand elle entendit la réponse d’Apruivë :

- Autrefois, le Gardien de Ceven Galad.

- Ceven Galad ? questionna Naëria.

- Un Havre Elfique, la « Terre de lumière », dans la langue des hommes, précisa l’elfe.

- Vous voulez dire que c’était le seigneur d’une terre elfique ? demanda la femme stupéfaite.

- Ce sont là des mots d’hommes, répondit la Sylvaine.


Le feu crépita un long moment dans la nuit avant que Naëria ne reprenne la parole.

- Mais pourquoi a-t-il quitté sa terre ?

- Il cherchait ceci, fit Apruivë en désignant le creux d’un petit rocher, à proximité, où la Pierre Bleue luisait doucement.

- Et il l’a trouvée… fit pensivement la femme en admirant l’artéfact. Mais alors, pourquoi n’a-t-il pas rejoint la « Terre de Lumière » ?

- Un autre chemin…avec les Tisseurs…pour un temps…répondit l’elfe.

L’humaine s’absorba un long moment dans la contemplation des flammes. Elle ne put s’empêcher d’ajouter :

- Il semblerait que sur cet « autre chemin », il ait trouvé quelque chose d’encore plus précieux que la Pierre Bleue…J’avoue que c’est un sentiment qui me traverse au terme de ce voyage.

Apruivë ne dit rien, elle n’en eut pas besoin, le sentiment qui se dégageait de l’elfe par le mince sourire et le regard intense qu’elle fixa sur Naëria l’incitèrent à aller plus loin.
 
- Je porte un fardeau, celui d’être ce que je suis et non celle que je voudrais être. Je dois faire des choix et leur poids m’est chaque jour plus lourd.

Les yeux de l’humaine cherchèrent refuge dans ce visage inhumain et paisible qui lui faisait face.

Le regard de l'elfe, d’un vert émeraude profond, lumineux, dans la lumière de la lune et des étoiles, transperça la femme.

Naëria fut happée par l’intensité de ce regard dans lequel elle se noyait. Une force de Vie infinie l’étreignait. Elle avait l’impression d’être perdue dans un océan sans rivages.

Contre toute attente, l’elfe lui sourit. Elle mit ses deux poings l’un contre l’autre puis ouvrit les mains et posa l’une, croisée sur l’autre. Ensuite, elle ramena ses deux mains croisées vers son buste et les plaqua contre son cœur. Après quoi, elle retrouva son immobilité.

Naëria, rassérénée par le sourire de l’elfe, osa lui demander :

- Que signifient ces gestes, ces signes ?

- Pas de mots humains pour traduire, répondit Apruivë. Vous diriez, dans votre langage : « Un à jamais, mon souffle est ton souffle ». Il arrive, ajouta-t-elle.

Naëria comprit qu’Apruivë faisait allusion à Finaël quand ce dernier se matérialisa à leurs côtés.

Apruivë, dans un mouvement leste et gracieux, se leva et vint se blottir aux côtés de son compagnon en passant un bras autour de sa taille. Tournant et levant légèrement la tête, elle l’embrassa tendrement.

A l’instant où leurs lèvres se joignirent, Naëria eut l’impression que le vent avait forci et que les arbres se balançaient de façon plus prononcée. C’était comme si la nature ressentait et partageait leur tendresse. Un loup hurla dans la nuit.

La vie recelait des mystères insoupçonnés. Et cette impensable communion des deux elfes avec le Vivant en faisait partie. Certains lui donnaient un nom : Dirn’Arda.

Apruivë et Finaël ajoutèrent du bois dans le feu. Ils allaient et venaient avec des allures félines dans la souplesse et la sensualité de leurs mouvements. Puis ils se rassirent.

Après un long moment silencieux, ce fut lui qui parla :

- Le temps est venu.

Naëria savait que cette rencontre touchait à sa fin. Elle acquiesça doucement de la tête.

- En effet, je suis venue jusqu’à vous pour vous faire mes adieux. Je vous remercie, tout autant que vos compagnons, les Tisseurs, d’avoir veillé sur moi.

Elle s’interrompit, submergée par l’émotion. Elle rendit grâce aux elfes de leur silence paisible, c’était ainsi plus facile.

- Je suppose que nous ne nous reverrons pas. Mais je n’oublierai pas de sitôt cette chevauchée fantastique, parvint-elle à avouer avec un sourire.

Avec le même sourire, Finaël ajouta :

- Le temps passe mais le souvenir demeure, et qui peut dire vraiment ce que sera l’avenir.
 
A ce mot, Naëria ne put s’empêcher de marquer une émotion, il semblait répondre à son interrogation précédente sans même avoir été présent.
 
- Merci. Je sais la valeur des mots pour vous et celle du cœur. A vous, je peux dire que c’est des êtres comme vous que je voudrais toujours à mes côtés. Vous l’avez compris, les responsabilités qui m’incombent engagent des êtres nombreux et la confiance est un bien plus rare encore que l’or.

 
Les elfes laissèrent s’écouler de paisibles instants. Ils écoutaient. Pas seulement les mots de l’humaine, mais son émotion, ses rêves, ses espoirs, tout ce que les mots ne disent pas. Puis à nouveau la voix de l’Eldar s’éleva dans la nuit, comme un souffle paisible :
 
Je dois, moi aussi, vous remercier.

- Pour quelle raison ? demanda-t-elle, étonnée.

- Vous avez grandement contribué à notre survie à tous, en m’emmenant, à bride abattue, près des marais, précisa-t-il.

Oui, cette fameuse chevauchée…Cela me semble si lointain, déjà…C’est comme si j’avais été guidée…En fait, j’ignore ce qui m’a poussée à prendre une telle initiative…fit-elle, pensive.

- Il arrive qu’on soit inspiré, qu’une sagesse profonde, la plupart du temps inconnue et donc ignorée, se manifeste en nous.


« Une sagesse profonde… ? Sans doute… » songea Naëria. N’était-ce d’ailleurs pas, cette profonde sagesse qui faisait, qu’à cet instant, cet être sans âge venait de la remercier avec simplicité et humilité ?

A aucun moment les elfes ne l’avaient questionnée à propos de son identité, des raisons de son voyage, de ce qu’elle allait faire à Tharbad.

En quoi cela leur importait même si cela avait failli leur coûter la vie ainsi qu’à leurs compagnons ?

Tout ce qu’elle considérait comme étant « sa vie » et qui lui tenait tant à cœur n’était, aux yeux de ces êtres, qu’un bref et imperceptible frémissement du temps. Dans moins d’un siècle, elle ne serait que cendres et poussière, ainsi que ses secrets. Eux, assis quelque part sous les étoiles, silencieux, comme ce soir, ils continueraient à veiller sur ce monde. Elle le savait à présent, c’étaient des Gardiens.

"Qui suis-je pour eux ? Une créature fragile, grelottante dans la nuit, incapable de combattre et éphémère ?
Combien, à eux deux, ont-ils contemplé de firmaments, vu d’aubes se lever sur ce monde ? Combien en verront-ils encore ?
"

Elle en eut le vertige.

Naëria se leva pour chasser ces pensées déconcertantes qui l’emmenaient si loin d’elle-même. Elle marcha jusqu’au bord de l’eau. Les elfes l’avaient rejointe. Sous ses yeux émerveillés, elle vit une lueur bleue naître et s’étendre peu à peu à tout le bassin. 

Elle aperçut de minuscules gouttes bleues s’élever et flotter autour d’elle. Elle tendit le bras et, une à une, des gouttes se déposèrent, comme des perles de rosée, sur le dos de sa main en formant une minuscule étoile bleue.

- Ce sont des Larmes Bleues ? demanda-t-elle innocemment.

Apruivë acquiesça de la tête et ajouta :

- Parfois les larmes expriment la joie et une paix profonde.


Elle leva les yeux vers les elfes et sentit quelque chose, sur sa joue, qui coulait doucement. Instinctivement, elle toucha et observa son doigt : c’était une larme bleue.

Emue et fascinée, elle fit quelques pas dans l’eau du bassin. Elle se savait au cœur d’un mystère auquel elle resterait à jamais étrangère.

Aujourd’hui encore, elle se demande combien de temps elle resta debout dans le bassin à contempler les perles bleues en suspension. Quand enfin elle se retourna vers la rive, les elfes avaient disparu.

Un grand vide l’envahit.

Alors, elle se mit en route pour rejoindre le camp. Elle dépassa le feu mourant. Parvenue au rocher, elle se tourna pour contempler une dernière fois le bassin d’argent sous la lune.

- Vous, les Amants Éternels, je ne vous oublierai jamais, murmura-t-elle.

Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle les avait nommés ainsi. Elle pressentait confusément que c’était la clé de leur mystère. La clé qui expliquait, par exemple, cette étrange « blessure miroir » mais sans doute aussi leur lien étroit avec le Vivant. « Amants », cela ne s’appliquait pas seulement à leur relation en tant qu’individus mais aussi vis-à-vis de leur relation avec la Terre. Ils étaient des amants, à double titre.

Le pas lourd, elle se remit en marche. La lune éclairait son chemin et le vent lui murmurait d’étranges secrets. Elle l’ignorait, pour l'instant, mais, enfouie au plus profond d’elle-même, une étincelle s’était allumée et l’accompagnerait jusqu’à son dernier souffle. Certaines légendes oubliées disaient que c’était un don et qu’il naissait, parfois, sous les étoiles, quand on croisait le chemin des Gardiens.

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Dernière édition par Finaël le Mer 26 Jan 2022 - 21:59, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: L’Adieu de Naëria   L’Adieu de Naëria Icon_minitimeMer 26 Jan 2022 - 17:51

Très chouette.
Qui sait si nous ne serons pas amené à recroiser Naëria malgré tout … Razz  J'ai comme l'idée que si …  lol!

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MessageSujet: Re: L’Adieu de Naëria   L’Adieu de Naëria Icon_minitimeMer 26 Jan 2022 - 21:41

Très joli texte comme d’habitude et je rappellerai que nous ne sommes pas encore arrivée...

Qui sait ce qui peut encore arriver jusqu'à Tharbad Evil or Very Mad Evil or Very Mad

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MessageSujet: Re: L’Adieu de Naëria   L’Adieu de Naëria Icon_minitimeMer 26 Jan 2022 - 21:57

Eodrec a écrit:
Qui sait si nous ne serons pas amené à recroiser Naëria malgré tout …

Je partage ton impression  Wink



Arlan a écrit:
 Je rappellerai que nous ne sommes pas encore arrivés…

Ce qui est tout à fait vrai  Laughing


**************

Une chose est sûre, j'apprécie énormément ce personnage. accord

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MessageSujet: Re: L’Adieu de Naëria   L’Adieu de Naëria Icon_minitimeJeu 10 Fév 2022 - 17:29

Intéressant, mais les crédits sont incomplets Cool

La musique est une reprise de Helvegen (Le chemin des morts) de Wardruna par le groupe Kalandra
https://lyricstranslate.com/fr/helvegen-le-chemin-des-morts.html
On retrouve dans ce chant la légende de l’œil unique d'Odin.

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MessageSujet: Re: L’Adieu de Naëria   L’Adieu de Naëria Icon_minitimeJeu 10 Fév 2022 - 18:22

C'est tout à fait exact.  Laughing

Ils ont de très belles musiques...si on apprécie ce style  Wink

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MessageSujet: Re: L’Adieu de Naëria   L’Adieu de Naëria Icon_minitimeLun 14 Fév 2022 - 15:10

J'aime beaucoup, je me réveille tout les matins avec cette reprise
J'écoute beaucoup de groupes folk/pop/rock traditionnels ou alternatifs scandinave comme Wardruna, Skald, Heilung, Hedningarna, Myrkur ou Kalandra

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MessageSujet: Re: L’Adieu de Naëria   L’Adieu de Naëria Icon_minitime

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