Un chant sous les étoiles...

Tout est calme. La douce langueur du sommeil a envahi  la demeure d'Arlan. Seuls quelques gardes vigilants, ici ou là vont et viennent, parfois s'arrêtent pour tenter de scruter les alentours.

L'un d'eux tend l'oreille. Une voix s'est élévée dans la nuit. Pas une voix ordinaire, pas une voix humaine. Le garde s'avance pour se rapprocher et là près du Nissimldar, il perçoit une pâle lueur, une silhouette. C'est un elfe. Il le connaît pour l'avoir plusieurs fois croisé dans l'enceinte du château, c'est l'ami de son Seigneur. Il se fige dans une immobilité absolue et écoute :

- Man dîr pada mi ôl nín ?
- I dhîr i darthannel

- Pado voe,
A brona aen ôl nín anann.

- Iston i thîr lín
- Im i nathron en-elei,
Pannen nuin giliath.

- I thîr nín naer.
- Sogathon i nîn lín.

- Sír i 'gwest nín ú-estel.
- Telin na minuial

- I ôl mín dôl na methed ?
- Law, mell nín, sí naid bain heriar

Il ignore le sens de ces paroles mais il perçoit leur beauté, l'espoir qu'elles portent, le secret qu'elles contiennent.
Le soldat ne comprend pas ces êtres si étranges que sont les elfes et qui chantent quand les hommes dorment mais ils devine obscurément qu'ils portent la lumière des temps anciens et que là où se posent leurs pieds tout semble plus beau, plus vrai...plus harmonieux.

Le chant s'est tu, le garde songeur va pour reprendre sa marche quand soudain il perçoit le ragard qui s'est posé sur lui. Il sursaute de surprise et lève les yeux vers l'elfe qui lui sourit avec cette lueur d'étoile dans les yeux. Il veut balbutier quelques plates excuses quand l'elfe lève la main lui intimant le silence. A nouveau la voix mélodieuse se fait entendre :

-Allez en paix soldat, il n'est nul besoin d'excuse car vous n'avez rien commis de répréhensible.

Le visage du garde s'éclaire et il sourit à son tour, heureux d'être compris et accepté.

- En effet, Seigneur j'ai écouté votre chant et je vous remercie car la paix et l'espoir sont nés en moi...bien que je n'ai pas compris ce que vos paroles disaient...

- Il y a bien des choses qu'on peut percevoir au delà des paroles. Voudriez-vous savoir tout de même ce que disaient ces paroles ?

Le garde acquiesça de la tête et ajouta :

- En vérité je n'osai vous le demander, merci.

L'elfe sourit et dit :

- Voici ce qui dit ce chant en langue commune :

- Qui marche dans mon rêve ?
- Celui que vous attendiez.

-Marchez doucement,
Que dure mon rêve éternellement.

- Je connais votre visage.
- Je suis le Tisseur de Rêve.
J’ai marché sous les étoiles.

- Mon regard est triste.
- Je boirai vos larmes.

- Mon serment était espoir autrefois.
- Je viens avec l’aurore.

- Est-ce notre rêve qui s’achève ?
- Non, Bien-Aimée, car ici, tout commence.

"Je m'en souviendrai..."  dit le garde. Sa réponse s'acheva dans un murmure car déjà l'Elfe séloignait d'un pas léger.