Une flèche dans la nuit...[rédigé par Eodrec et Fina]

UNE FLÈCHE DANS LA NUIT...



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Un texte RP rédigé en collaboration avec Eodrec et Fina.


Un grand merci à Eodrec pour sa participation et pour le fait d'avoir accepté sans s'insurger (il aurait été tout à fait en droit de le faire  ) que Fina "gribouille", à son insu, sur son cor.


Mais, magnanime et clément, il passe sur les turbulences de l'elfe facétieux. 


Vous pouvez lire ce texte, comme d'habitude, ici-même, sur le forum.


Ou, pour plus de lisibilité (et éventuellement le télécharger), vous pouvez utiliser le lien ci-dessous (fichier PDF) :

Une flèche dans la nuit

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Eodrec était sur le point de prendre un repos bien mérité quand un « tchac ! » bien caractéristique, celui d’une flèche se fichant dans du bois, se fit entendre.

Il avait perçu le son de façon assourdie puisque, apparemment, la flèche venait de l’extérieur et s’était probablement plantée dans l’huisserie de la fenêtre, à sa droite.

Prudent, il se plaqua instantanément contre le mur essayant de jeter un œil furtif vers l’extérieur. Il faisait déjà nuit depuis longtemps et il ne put rien distinguer dans le noir.

Il patienta un certain temps. Rien. Il souffla la chandelle afin d’éviter d’exposer sa silhouette dans la lumière et il entreprit d’ouvrir la fenêtre en se gardant bien d’apparaître dans son cadre.

Quand le premier battant s’ouvrit vers l’intérieur de la chambre, il vit une grande flèche qui s’était fichée au niveau du jet d’eau. Son regard parcourut en un instant le fût de la flèche jusqu’à son extrémité. 

Malgré la pénombre et grâce au clair de lune, il identifia sans hésitation l’empennage. La plume de faucon et la longueur de la flèche ne laissait pratiquement aucun doute sur la provenance du projectile.

Eodrec arracha la flèche, toujours en évitant de se montrer dans l’embrasure. Avec les mêmes précautions, il referma la fenêtre et se risqua enfin à rallumer une chandelle. 

Assis sur son lit, il prit le temps d’examiner attentivement le projectile. Il voulait confirmer sa première analyse. 

Pas de doute, vu la longueur, ce n’était pas une flèche tirée par un arc utilisé par l’homme. Il s’agissait bien d’une plume de faucon et différents détails, comme par exemple les ligatures au niveau de l’empennage, trahissait le propriétaire : c’était une flèche qui provenait du carquois de Finaël.

En poursuivant son examen, il remarqua, juste derrière la pointe de la flèche, une ligature discrète en spirale. S’approchant de la lumière, il vit que cette ligature maintenait un bout de parchemin, très fin, parfaitement plaqué contre le fût. 

Ce n’était pas grand-chose mais il y avait dans ce petit dispositif toute la finesse et la délicatesse dont un elfe pouvait faire preuve. Il sourit et se laissa aller à exprimer sa pensée à haute voix :

- Diantre, voici que notre elfe a recours à des moyens peu conventionnels pour communiquer ! 

En fait, cela ne l’étonnait pas et il se prit au jeu. 
Il détacha lentement la ligature en spirale pour libérer le message. Sans qu’il en eût vraiment conscience, il mettait tout le soin possible dans cette tâche comme pour respecter la minutie avec laquelle le dispositif avait été mis en place. 

Il remarqua que la ligature était extrêmement fine et avait même des reflets dorés dans la lumière. De fait, cette ligature n’était autre que trois longs cheveux blonds tressés.

- C’est vraiment un « truc » d’elfe, pas de doute à ce sujet ! ne put s’empêcher de remarquer Eodrec à haute voix, amusé par ce qu’il venait de découvrir.

Une fois le parchemin en main, il reprit son sérieux. Qu’est-ce qui pouvait bien motiver l’elfe à recourir à ce stratagème. Il craignait qu’un nouveau danger ne menace.

- Ouf !

Le parchemin, à son grand soulagement, était rédigé en langue humaine, il allait pouvoir en prendre connaissance immédiatement.

S’approchant au plus près de la flamme, il commença sa lecture. Le bout de parchemin étant de taille réduite, le message était « relativement » concis pour un elfe. 

Toutefois, pour compenser le manque de place, l’elfe avait écrit avec des caractères minuscules. A tel point que l’Eothraim fut à deux doigts d’aller quérir une loupe. 

Plissant des yeux et se concentrant, il parvint néanmoins à déchiffrer le texte :

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Eodrec,

Suite aux événements de ces derniers jours qui nous ont tous affectés profondément, tant dans la chair que dans l’âme, il est urgent que chacun puisse guérir ses plaies et retrouver un peu de paix. Les blessures du corps ne sont que peu de chose, les blessures de l’âme, elles, requièrent davantage de soin et de temps.

Il m’est nécessaire de rejoindre les Chemins Verts d’Endor et de retrouver Apruïvé.

J’ai pris la liberté, vous voudrez bien me le pardonner, d’orner votre cor de quelques motifs elfiques. Les runes elfiques gravées finement dans la corne sont quasi invisibles à l’œil nu mais néanmoins efficientes, du moins je l’espère.

Ainsi donc, si vous cherchez à me joindre pour quelque motif impérieux, la force et la détermination de votre intention suffira à ce que le son de votre cor me parvienne bien au-delà des distances conventionnelles. 

Votre appel sera d’autant plus puissant si vous vous tenez sous la clarté les étoiles et de la lune. Il est possible, alors, à ce moment, que les runes de votre cor luisent d’une légère teinte bleutée. C’est un effet secondaire involontaire.

Transmettez mon salut aux autres Tisseurs, pansez vos blessures et habillez votre âme de lumière pour repousser la noirceur qui rôde en ce monde sous tant formes.


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Eodrec soupira, rassuré. Aucun danger, comme il l’avait craint, n’était à l’origine de ce message. 

Et comme tout le monde était déjà couché ou sur le point de le faire, il transmettrait le message à ces compagnons, au petit matin. Il posa la flèche sur le sol et cacha le message :

- On n’est jamais trop prudent ! pensa-t-il.

Et ce n’est certainement les événements de ces derniers jours qui pourraient le contredire.

La fatigue se faisait sérieusement sentir mais, avant de se coucher, Eodrec, la flèche à la main, se glissa furtivement dans la chambre voisine. Dehors, la pluie continuait à tomber à verse, mais le tonnerre s'était éloigné, et le roulement ininterrompu de l'eau sur les toits, les pavés, s'apparentait à une autre forme de silence. Le fil de l'eau était une trame de fond, entre ciel et terre.

Le Rôdeur reposait.
Ses blessures étaient graves, et un soigneur appelé en urgence l'avait bandé de son mieux. Arlan n'avait pourtant pas encore repris connaissance. À ses pieds, avachis sur une mauvaise chaise, Edegilon le veillait, la tête dans les mains. Suspendue au chef du lit, la Grande Épée reflétait le rouge des braises incandescentes de la cheminée toute proche.

Le parallèle était saisissant entre le monde des Hommes, incarné par Edegilon, et celui, mystérieux, des Puissances Surnaturelles, symbolisées par l'arme. Entre les deux, Arlan formait comme un fil de chaîne. L'Eothrem, lentement, posa la flèche elfique sur l'épée et il lui sembla que celle-ci scintillait un peu plus, comme s'étant trouvée en présence d'une force amie. À cet instant le Rôdeur tressaillit. Eodrec sourit. Il comprenait d'un coup ce qu'il avait toujours su, à savoir quelle était la place assignée à chacun en cet instant. Il lui revenait à lui de faire la navette entre les deux, mais il ne le pouvait que parce qu'il était inséré dans la trame.

Prenant une couverture, il descendit doucement en couvrir les épaules d'Edegilon, puis remontant jusqu'à la cheminée, il en tisonna les braises jusqu'à en faire rejaillir des flammes. Les deux autres hommes en auraient besoin : le rôdeur en capterait l'énergie, l'homme du Nord la chaleur. Déjà, il entendait les pas du Nain en train de gravir l'escalier jusqu'à eux, il allait pouvoir lui passer le relais.

Enfin, il se glissa dans son lit après avoir soufflé la flamme de la chandelle. Il avait grand besoin de repos, tout comme ses compagnons, mais il n’était pas sûr qu’il puisse aisément trouver le sommeil.