Episode 1: Gwaeron 1348 / Le commencement....

Je me souviens de ce jour comme si c'était hier.
Je revenais des confins des monts brumeux et de Fangorn.
Je comptais rentrer chez moi mais en approchant d'Angronost, je découvris une piste pour le moins inhabituelle. Des pattes de loup d'une taille impréssionnante. En effet les traces laissés par l'animal était bien plus grande que ma main. De plus il semblait accompagné d'une dizaine d'hommes chaussés.

Je suivais cette trace depuis maintenant quelques jours, la nuit tombait et je cherchais un abri. Au détour d'un éperon rocheux j'aperçus au loin une légère lueur entre les pins.
Immédiatement je me fis le plus discret possible et commençais une manoeuvre d'approche. Arc à la main, je voyais maintenant disctinctement un petit campement monté là pour la nuit.
Devant le feu couvert se trouvait assis un homme entièrement vêtu d'une cape et d'une capuche d'un vert forêt. Si je n'avais pas vu le feu quelques instants avant je serais passé à coté de lui sans même le voir.

Sifflant légérement pour attirer l'attention de l'inconnu celui-ci se retourna promptement arc en main.
Là, je compris de suite que je n'avais pas affaire à un homme.
En effet ses mouvements furent tellement rapides et fluides que ce ne pouvait être qu'un elfe.

Il me regarda un instant comprenant que j'aurais pu le tuer sans peine. Je ne saurais jamais si je l'avais réellement surpris ce soir-là ou s'il m'avait laissé faire, percevant au fond de son être immortel que nous devions nous rencontrer.

Je baissais immédiatement mon arme et nous fîmes connaissance.
Deux voyageurs, loin des leurs, heureux pour ma part de me sentir moins seul.

Finaël, comme il me dit s'appeler, était en chasse d'une créature que je ne connaissais pas. D'ailleurs, le nom m'échappe en rédigeant ces lignes.
Je lui appris que, pour ma part je pistais depuis quelques jours un loup énorme, ne pouvant signifier qu'une seule chose : l'ennemi était à l'oeuvre dans ces terres.

*L'homme regarde son récit. Il n'a jamais été trés fort pour ce genre de chose mais il veut que tous sachent ce qu'ils ont fait. En effet trop de choses sont perdues et oubliées en ces terres.*

Les étoiles étaient belles ce soir-là, ce soir où nos destins se lièrent. Quand je songe à cette nuit, je ne puis m'empêcher de sourire et de m'interroger.

Le vent du soir invitait à une douce rêverie et dans le sourire du firmament j'entendais le murmure de l'océan. Il y avait bien cette présence qui semblait s'approcher mais elle semblait ne contenir nul danger. Ombre furtive de la nuit, un loup sans doute. Aussi je l'oubliais car elle se fondait dans la nuit comme les mille bruissements de l'obscurité.

Puis cette présence siffla. En un éclair je pivotai et armai mon arc. Il se tenait là, un arc à la main lui aussi. Il ne broncha pas. Mon geste, aussi rapide avait-il pu être, était vain. L'homme qui se tenait sous les frondaisons aurait pu tirer bien avant. Ce n'était pas un ennemi, c'était l'évidence.

Alors nous posâmes nos armes d'un commun accord, sans qu'une parole ne fut dite. De la main, je lui désignai le feu qui luisait dans la pénombre, il s'approcha prudemment et s'assit. Je l'imitai. Lentement, il repoussa sa capuche et dévoila son visage. De toute évidence cet être vivait de façon rustique depuis quelques temps déjà mais son apparence peu engageante au premier abord ne parvenait pas à voiler la fierté et la dignité qui luisait dans son regard.

Alors contre toute attente, à ma propre surprise, j'accomplis le même geste et je dévoilai mon visage sous la clarté des étoiles en prononçant ces mots :

Nai fëalya seruva oialmaressë !

Je vis à la réaction de mon interlocuteur que notre langue ne lui était pas inconnue mais que néanmoins il ne la comprenait guère.

Aussi, j'ajoutai dans un sourire :

Dans la langue commune, on pourrait traduire ces mots de la façon suivante : Puisse votre âme demeurer dans la joie éternelle !

Il sourit à son tour et inclina légerement la tête en signe de remerciement.

Ainsi naquirent entre nous ces premiers mots, ceux d'une étrange amitié.

Cette nuit fut reposante comme je n'en avais pas eu depuis longtemps. La présence de Finaël, la sécurité de savoir que quelqu'un montait la garde et autre chose que je ne parvenais pas à m'expliquer .....

Le lendemain à mon réveil le feu brûlait tranquillement et mon nouveau compagnon semblait avoir disparu.... seul restait un petit sac preuve qu'il allait revenir.

Prenant rapidement un petit déjeuner et je me préparais, bien décidé à suivre la piste du loup et de sa meute.

L'elfe revint sans que je l'entende et me fit un petit signe de la tête. Lui expliquant alors mon objectif, il accepta de se détourner de sa chasse pour m'accompagner.

C'est donc à deux que nous suivîmes la piste.... Mes talents de pisteur alliés à ceux de mon compagnon nous permirent de retrouver et de suivre rapidement les traces de la meute.

Alors que nous poursuivions notre traque Finaël se figea.
*Un combat... par là ! Et d'un bond, il se lança dans la direction de bruits que je n'entendais pas.

Au pied d'un escarpement un homme, recroquevillé sur lui même se défendait tant bien que mal contre une dizaine de loups.

Dégainant l'épée, je fonçais vers les bêtes en hurlant. Finaël, quant à lui encocha une flèche et dans l'instant la bête qui s'apprêtait à égorger l'inconnu tomba sur le flanc perforée par le trait elfique.

Arrivant au contact et profitant de mon élan je fendis le crâne du premier à ma porté. Finaël, de son coté, en avait abattu ou blessé deux autres.
Malheureusement une autre bête arrivant de coté me mit au sol. Roulant dans la pente avec l’animal je maintenais tant bien que mal sa gueule hors de portée de ma gorge. A cet instant Finaël voyant ma situation visa la bête et décocha un tir d’une précision redoutable. Mais c’était sans compter avec le destin. Car au même instant je parvenais à retourner l’animal sur le dos pour lui planter ma dague dans le torse.

La flèche elfique traversa mon plastron de cuir et se ficha dans mon ventre.

Projeté en arrière par le choc je perdis conscience. En revenant à moi les loups prenaient la fuite. Je vis alors mon compagnon s’approcher de moi. L’inconnu était sain et sauf et c’était bien là le principal.

Il ne restait plus qu’à retirer cette flèche. Par chance elle n’avait pas touché d’organes vitaux. Finaël se montra fort adroit pour l’extraire. Il plaça ensuite un emplâtre de ma fabrication sur la blessure. Je ne mourrai pas cette fois encore.

Pendant tout ce temps notre inconnu resta prostré au pied d’un arbre nous jetant des regards affolés. Qui était-il ? Nous allions bientôt le savoir.